Vagues d’arrestations: Marguerite Gnakadé, Aamron...

Sep 19, 2025
à l'image, Mme Marguerite Gnakadè, ex-ministre togolaise des armées



Au Togo, le pouvoir a franchi un nouveau cap dans la répression le 17 septembre 2025. Très tôt le matin, Marguerite Essossimna Gnakadé, ancienne ministre des Armées, ancienne épouse et belle-sœur du président Faure Gnassingbé a été arrêtée à son domicile.

Son crime ? Avoir dit publiquement et à plusieurs reprises ce que de plus en plus de togolaises et togolais osent dire: Faure doit quitter le pouvoir dans une “transition apaisée, inclusive et nationale “. Son arrestation, menée avec un déploiement impressionnant d’individus cagoulée, a immédiatement suscité l’indignation de l’opposition et des organisations citoyennes, qui y voient une nouvelle tentative d’intimidation et un symbole du durcissement autoritaire.

Le lendemain, c’est son fils, Jonathan Gnassingbé, qui a été interpellé lui aussi au domicile de sa mère sans avoir été informé des faits qui lui étaient reprochés.

Enfin le 19 septembre, c’est au tour de l’artiste engagé Aamron — déjà enlevé et torturé en mai dernier pour ensuite être relâché face à une mobilisation de la population — d'être arrêté.

Cette série d’arrestations arbitraires illustre la peur d’un régime acculé, ne tolérant aucune critique et prêt à tout sacrifier pour se maintenir, y compris dans sa propre famille. Certains observateurs y voient le déclenchement d’une purge orchestrée par Faure lui-même dans un contexte où de plus en plus de togolaises et togolais osent l’interpeller face à l’absence de bilan au bout de ces 20 années de règne.

Mme Gnakadé et Aamron qui incarnent la voix d’un courage rare dans un pays gouvernée par la terreur, se voient donc inculpés de charges très lourdes afin de les réduire au silence:
Pour Mme Gnakadé: incitation à la révolte ou au soulèvement contre les institutions ,trouble aggravé à l’ordre public et outrage à l’autorité ; soustraction de preuves et entrave au bon fonctionnement de la justice et diffusion de fausses nouvelles visant à perturber la discipline ou le moral des forces armées  Placée sous mandat de dépôt, elle risque plusieurs années de détention. Ce qui n’est pas sans rappeler le sort que Faure a réservé à son propre frère Kpatcha Gnassingbé qu’il a fait emprisonner depuis maintenant 16 ans pour sensiblement les mêmes raisons.
Aamron, inculpé pour les mêmes faits, a lui été placé sous contrôle judiciaire et mis en résidence surveillé.

D’autres arrestations et enlèvements sont à craindre dans les prochaines semaines.

Dans un contexte de grogne social due à la vie chère, au chômage et au manque de perspective, le pouvoir togolais fait la seule chose qu’il sait faire: réprimer.
La ténacité de tous les acteurs de la société togolaise y compris la diaspora et l’appui des organisations internationales seront déterminants pour faire du Togo une réelle démocratie garantissant la liberté d’expression et le droit à la contestation à toutes les togolaises et togolais.